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    The Artist
    raconte l'histoire d'un chien. Un petit chien. Un cabot qui cabotine en faisant des misères à son garde du corps qui en profite pour pleurer sur son sort, amer il est vrai, mais il y a des compensations féminines non négligeables à cet emploi subalterne. Le toutou de race indécise va d'ailleurs jusqu'à simuler la mort à plusieurs reprises pour faire de la peine à celui qui l'aime, c'est vous dire la perversité de cet animal égoïste.

    Le chien a le poil blanc et noir. C'est extrêmement commun. Comme c'est un film à sa gloire et que c'est lui qui finance, on a tourné en noir et blanc. Ainsi, il ne disparaît pas au milieu des décors chatoyants et des atours chamarrés des autres artistes sans poil, même nus.
    Et en plus c'est moins cher.
    On peut être cabot et radin, il suffit de se contenter de peu.

    C'est l'aventure d'un chien qui aime un homme, qui n'aime pas une femme, qui n'aime pas le chien.
    Tout est dit.

    En conséquence l'homme est muet, la souris aussi, seul le chien aboie. Heureusement on a coupé le son, ce dont les ânes pâtiront. Les vrais spectateurs s'en réjouiront à condition de savoir lire.
    Et en plus et moins cher.

    Rendons grâce aux sublimes lumières qui, découpant de subtiles ombres aux dégradés érotiques, mettent en relief l'insoutenable beauté de Bérénice Béjo dont le jeu de jambes affole les cœurs sensibles et les libidos en berne au point de nous faire oublier la finesse de son jeu tout court, perdus que sont les hommes au fond de ses grands yeux noirs et sensuels comme un abîme sans fin où chacun rêve de se perdre et mourir, heureux d'être englouti dans une nuit si prometteuse.

    Feu Henri Alekan* s'y serait lui-même enflammé.
    On peut être une icône défunte de l'image voluptueuse et rester un esthète.

    Nul doute que le chien soit tombé amoureux de la femme. Nous aussi.
    On peut être cabot et avoir l’œil humide.
    Mais ça peut coûter cher.

    Au final, le chien sauve l'homme, qui saute sur la femme, qui caresse le chien, qui, tout excité, hausse le ton, et l'on entend un aboiement final qui réjouit les illettrés et réveille les autres.

    Certains critiques, toujours atrabilaires malgré la chute du bicarbonate de soude, ont accusé le monteur son de s'être trompé. En effet, c'est le producteur ventripotent qui aboie comme un ventriloque piqué par une tique. Ces juges sont des ânes aussi pédants qu'incompétents, à l'image de ce double pléonasme redondant.
    Le vrai producteur, ne l'oublions pas, c'est le chien. Le fumeur de cigares à double menton n'en est que la projection anthropomorphique. Son aboiement est en fait un rappel ingénieux à la réalité, dans un incontrôlable et délicat accès de cabotinage canin.

    Dans cet élégant film au raffinement suranné, que la simplicité narrative compense avec brio, on voit apparaître un jeune acteur qui devrait faire parler de lui, à condition de changer son pseudonyme par trop banlieusard de Jean Dujardin contre un patronyme plus flamboyant comme Marcel Rateau ou Émile Labêche.
    Son véritable nom est Rudolph Valentino et l'on comprend qu'il ait voulu en changer car cela rappelle de mauvais souvenirs.

    Jean Dujardin a la beauté des taureaux qui se moquent des foules assassines, le sourire éclatant des héros qui plongent des falaises pour cueillir une improbable rose des mers entre leurs dents et l'offrir à leur belle, la grimace juste, le clin d’œil charmeur et les lèvres juteuses comme un Romanée Conti la Belle Époque.
    Il possède surtout la finesse de jeu d'un Michel Jouvet, la drôlerie d'un Louis Galabru et la puissance d'un Simon Simon, à moins que ce ne soit dans un autre film avec Robert Mitchum et Rintintin.
    On regrette en tout cas de ne pas le voir plus à l'écran mais après tout la vedette, c'est le cabot.

    Pégéo, avant qu'il ne fasse trop froid.

     *Henri Alekan, Des Lumières et des Ombres, F Editions, Paris, 1983.


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