• PaulettePaulette
     
    de Jérôme Enrico

    Les vieux ont de l'avenir, et pas seulement dans le compost universel. Au cinéma aussi.
     
    Après Tatie Danielle, Les Vieux Chats et Amour, voici le dernier opus des productions gérontophiles, qui remplacent désormais les tartufesques accolades d'un ex-président dans les maisons de retraite pour nous rappeler de rendre visite à Mémé avant que l'huissier ne s'empare de ses bijoux.
     
    Paulette, sorte de Carmen Cru* des HLM aigrie et  venimeuse, promène sa déchéance enrobée de lainages élimés entre les murs de béton artistement tagués d'une de ces cités qui embellissent de leur orgueilleuse décadence les abords délaissés des grandes villes transformées en mouroirs touristiques.
     
    Aussi pingre qu'acariâtre, elle n'hésite pas à dépouiller de plus affamées qu'elle des appétissants rebuts, que de compatissants maraîchers jettent en pâture aux indigents titulaires de la carte vermeille. C'est dire la méchanceté de cette femme, catholique pratiquante et raciste (il n' y a pas de pléonasme, c'est compatible sans être obligatoire), qui n'a même pas la dignité nécessaire pour s'éteindre en silence ou du moins placer son minimum vieillesse sur un plan épargne obsèques. C'est une honte, malheureusement représentative du comportement égoïste de la génération actuelle du troisième âge, trop habituée à l'assistanat depuis que De Gaulle a laissé la chienlit recouvrir le pays pendant qu'il soignait ses rhumatismes à Baden-Baden.

    Heureusement, quelques d'jeuns, issus des écoles de commerces mises en place dans les ZEP pour sécuriser les cages d'escalier, volent au secours de son âme décatie et lui redonnent le goût de la vie, de l'amour de son prochain, du respect pour l'enfance métissée, ainsi qu'une certaine dignité empreinte de modernité teintée d'une attirance obsolète pour la Suze, en la soutenant vigoureusement dans ses efforts de réinsertion.

    Ah, la fable généreuse sur la solidarité intergénérationnelle !
     
    Dieu qu'il est bon de voir ces enfants des barres de béton et des barrettes de chit polir affectueusement la face de la vieille dans un rude apprentissage pédagogique sur la réalité de l'exercice de la libre concurrence en milieu hostile !
     
    Qu'il est rafraîchissant de constater que l'appât du gain n'est pas la seule motivation de ces adorateurs de jeux en ligne : la peur, la fierté mal placée, la haine, l'addiction aux drogues et le machisme intégriste sont aussi de puissants ressorts émotionnels, trop souvent négligés dans le décodage du fragile équilibre psychologique de ces facétieux garnements.
     
    Qu'il est attendrissant de voir grands-mères et petits enfants se retrouver autour d'un projet de développement économique commun, mutualisant leurs compétences dans une mise en œuvre radicale des lois du marché au bénéfice des junkies avachis et des retraités délabrés.

    Qu'importe que cette économie soit parallèle, l'important est que les vieux s'amusent et que les jeunes soient occupés. Et si, saisissant sa chance, l'ancêtre sait chauffer ce chaud chichon en chaussons si sensuels sans suer sous ses chiffons, c'est parce que le marché existe et on aurait bien tort de le laisser à ces sales étrangers qui, depuis toujours, ne font rien qu'à venir étrangler nos fils et nos compagnes au lieu, comme il se doit chez les honnêtes gens, d'abreuver nos sillons de leur sang impur. (Rouget de l'Isle révèle ici sa vocation frustrée de gynéco et personne ne dit rien, mais le monde entier se marre dès que résonne La Marseillaise, ce qui est heureusement assez rare, grâce soit rendue à nos athlètes pour leur pudique abnégation et leur vocation de seconds).

    Malheureusement ce film de propagande néo-libéral, plutôt rafraîchissant au milieu de la production de masse gauchisante qui envahit les écrans depuis quelques années sous l'impulsion de l'IFA**, tourne subitement à la farce pâtissière et à la comédie romantique, dès que la Mamie dealeuse s'émancipe et vole de succès en succès tout en se découvrant une soudaine et peu crédible tendresse pour son entourage. Comme si l'argent rendait aimable et généreux ! Comme si c'était une solution à la cupidité ! Comme si seuls les pauvres hésitaient à dépenser de l'argent.

    Tout est dit.
     
    On croyait avoir affaire à une revigorante remise en question de l'habituel discours compassionnel et laxiste sur la dure vie de ces pauvres vieux, leur fragilité revendiquée comme une preuve d'innocence, leur abandon, leur isolement, leur effondrement physique programmé précurseur d'une déchéance sociale insoutenable et autres clichés issus de l'accouplement contre-nature de dames patronnesses angéliques avec des bolchéviks larmoyants, et voilà qu'on découvre un remake, à peine épicé de quelques kilos de haschisch, de La Cuisine au Beurre avec les Mémés Tubbies en héroïnes mal raffinées.

    Certes, Bernadette Lafont a toujours une sacrée droite et une voix assez chaude pour faire fondre une tablette de chocolat marocain d'un claquement de langue, mais où est passé le message d'espoir pour les grabataires séniles - celui de retrouver la dignité par le travail - qui est à l'origine de cette parabole libérale ?
     
    Qu'est devenu l'enthousiasmant « Travailler plus pour gagner plus » qui, malgré le sulfureux parfum de cannabis qui s'échappe des permanentes matriarcales, donnait tout sa force didactique et entrepreneuriale à cette œuvre de saine propagande ?
     
    Il disparaît hélas à mi-parcours pour faire place à une incroyable gentillesse générale, exception faite d'un mafieux russe fan de Jo Dassin. Ces gens-là connaissent d'incroyables tortures.

    On se doute que le réalisateur, se soumettant à la veulerie bien-pensante de l'époque et à la joviale influence paternelle, a mis du foin dans son herbe afin que son film satisfasse aux standards bien-pensants des années Hollande, patrie des coffee-shops. Le spectateur libéral antifasciste peut en ressortir un peu déçu par tant de mièvrerie, mais s'il sait s’esbaudir de quelques clichés bien présentés et s'esclaffer sans honte des réparties cinglantes que crachent les Mémés tape-durs en s'accrochant à leurs dentiers, il pourrait ressortir de la salle obscure le cœur plus enjoué et l'esprit plus large qu'à la fin d'une convention du Medef ou d'une réunion de l'Opus Dei.

     Courez voir ce film si vous cherchez à arrondir votre minimum vieillesse tout en rencontrant du monde, ça vous donnera des idées d'évasion.
     
    Courez voir Paulette si votre grand-mère vous amidonne les neurones avec sa rigidité morale et vous aigrit l’œsophage son pain d'épice en guise de spice-cake : vous découvrirez que ça n'est pas irrémédiable.
     
    Courez goûter l'humour dérisoire des détresses véritables, ça ne changera rien à la misère des vieillards croupissant d'angoisse et d'ennui au fond de leurs deux pièces sonores du cinquième avec ascenseur en panne, mais vous en aurez ri au moins une fois avant que ça vous tombe dessus.

      

    Pégéo un soir de chandeleur
    où les crêpes avaient un drôle de goût.

     

     * Carmen Cru : La méchanceté des vieux incarnée en de magnifiques planches en noir et sombre dans une BD de Lelong qui était à elle seule une raison de chiper Fluide Glacial au libraire.

     ** IFA : Internationale du Film Anticapitaliste. Association de cinéastes malfaisants particulièrement active en 2012. cf. Le Havre, Querelles, Bullhead, Cherchez Hortense et d'autres.


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  • Alceste à BicycletteAlceste à Bicyclette
       
    de Philippe Le Guay

     

    Tout le monde connaît Alceste. C'est le phasme apprivoisé qui honore régulièrement ces critiques de son élégante présence.
     
    Eh bien l'infâme Luchini s'en est fait faire un film à sa propre gloire ! Dans une mise en abîme à double détente qui ressemble fort à un gouffre vertigineux d'égomanie papillonnante, il s'interprète lui-même faisant semblant de vouloir jouer le Misanthrope.
     
    Ah, le misérable gredin ! Gringalet renfrogné, glapissant de grincheux gargouillis dans un galimatias grasseyant et grivois de ganache globuleuse !
     
    Certes, Alceste gronde, grommelle et grogne avec grotesque contre les grossièretés grouillantes, que de grimaçants groupuscules graillonnent comme des gramophones grinçants dans des gargotes sans gloire où gloussent des gigolos gangrenés qui se prennent pour des grands et ne sont que des gnomes. Mais il le fait avec élégance, panache, une verve acariâtre, et sans lésiner sur les douze pieds classiques qui martyrisèrent nos oreilles collégiennes avant que les rappeurs ne les achèvent de leurs rimaillements pleurnichards scandés avec une puissance sonore et une conviction forcenée inversement proportionnelle à leur talent.

     Quand le Misanthrope se déchaîne, c'est irritant mais c'est salutaire. Sa mine chagrine ornée d'une chevelure grisâtre est un gage de sincérité qu'on admire.
     
    Alors pourquoi, diantre, le facétieux Fabrice ne se départit-il point de son éternel soupçon de perversité malicieuse, cachée sous un sourire narquois sans cesse frémissant, grâce auquel il essaye de faire passer pour de saillantes pointes d'esprit les plus plates billevesées et les poncifs les plus éculés sur le théâtre ?
     
    Parce que c'est un malin. Le sémillant trublion sait qu'il est trop sautillant pour pouvoir jamais jouer le Misanthrope avec toute la rugosité que réclame le rôle.
      
    Il joue à faire semblant de vouloir s'y coller
      
    Pour agacer le monde, tout en étant filmé
      
    Et se voir en Alceste sans jamais y toucher,
      
    Fuyant la vérité qu'il ne veut exposer.

     Bref il fait son Misanthrope en étant l'anti Alceste parfait.
      
    C'est honteux ! C'est drôle mais c'est honteux. Et bas. C'est humain. Certes.
      
    Mais je hais cet aspect de la nature humaine
      
    Et je conçois pour lui une effroyable haine.

    De quoi parle ce film ?
      
    Tout le monde connaît le Misanthrope aussi se doute-t-on que l'intérêt de cette œuvre est ailleurs.
      
    Le titre semble être un premier indice. Si Alceste n'est pas le véritable sujet, c'est donc la bicyclette l'héroïne. On y est presque. Pour décrypter la profondeur psychologique de la démarche du réalisateur, qui n'hésite pourtant pas à nous asséner le A bicyclette chanté par Montant et mettre ainsi en exergue une Paulette absente du scénario mais pas des écrans actuels sous la houlette d'un producteur ami (ça c'est du placement de produit !), il suffit de se remémorer ces vers à pieds chancelants que déclament à la Bastille, lors des hivers trop doux, les consommateurs de culture nostalgiques d'Avignon, tandis que les néo-vendéens se languissent des embruns tropicaux qu'apporte aux temps chauds le vent du large sur les côtes océanes :
      
    Ça se passe sur l’Île de Ré, refuge des bobos,
      
    Qu'on fait à bicyclette, du moins quand il fait beau,
      
    Télérama en poche et Molière à la main.
      
    Car cette île n'est plus faite pour les marins,
      
    Ni les cultivateurs, ni même les sauniers.
      
    Elle n'est plus qu'une réserve pour citadins stressés.
     

    Ah, les alexandrins, quelle élégante tournure !
      
    La moindre baliverne y prend une fière allure.

     Bon. Mais alors, de quoi parle ce film ?
      
    Et si le sol de Ré était le vrai sujet ?
      
    L'île, ou plutôt le phénomène îlien ? Ce lieu si propice à la promiscuité forcée que régulent les marées, aux rencontres étranges, aux amitiés recluses, aux amours silencieuses et aux huis-clos saignants, qu'abritent des bâtisses aux prix exorbitants malgré l'humidité, le sel qui ronge les murs, les orages qui engorgent les fosses septiques et le vent qui rabat les effluves de guano dans les patios secrets où les antiques lavoirs servent de jacuzzi comme dans les magazines ? L'île, le plateau de théâtre idéal, d'où ne nul ne peut s'échapper, forçant les personnages à jouer ou mourir.
      
    Mais Ré n'est plus une île depuis qu'un drôle pont
      
    La péninsularise des ses arches de béton.

     Mais quel est donc le sujet de ce film,à la fin ?
      
    Luchini, bien sûr ! C'est écrit dans le titre. Puisque c'est lui Alceste ! Le seul, le vrai, l'atrabilaire séduisant, le cynique souriant, l'aigri condescendant au regard de clown enfantin et pervers. 

    Tout est dit.
      
    Certes, Lambert Wilson en  beau gosse lourdaud à la sensualité animale, héros d'une série télé aussi nunuche qu'une interview de Mireille Mathieu visitant une maison de retraite, est plus qu'un faire-valoir. Et la relation hypocrite à base de manipulation teintée d'admiration jalouse et d'ambiguïté masculine qu'ils exercent l'un sur l'autre frôle par instant l'élégant ballet de séduction des grèbes huppés pratiquant la nage synchronisée. Certes l'apparition fugace et honteusement couverte d'une jeune actrice porno de bonne famille, dont les lèvres assassines font oublier la diction criminelle, attise brièvement l'intérêt du spectateur à la lippe humide pour un renouveau moins littéraire et plus organique du cinéma français.
      
    Mais il n'en reste pas moins que ce film est une auto-glorification du professeur de diction et juge des belles lettres qu'est cet adepte de la logorrhée télévisée impérieuse à destination des masses populaires, qui prennent encore Céline pour un écrivain hanté par la déchéance et l'ignominie des hommes, alors que c'est seulement le prénom d'une chanteuse québécoise hantée par son tour de hanches et l'anémie de son homme. (Ceux-là mêmes qui croient que le dodécasyllabe est un alexandrin alors que c'est la pendule qui sonne l'heure du casse-croûte). 

    Ça pourrait être pédant et pourtant c'est léger.
      
    Alceste est détestable et Fabrice est affable.
      
    Quand l'un se met à table, l'autre récite des fables.

     C'est donc à un véritable tour de force théâtral, chargé d'ambiguïté au sens baroque du terme, que se livre le facétieux comédien, qui réussit à incarner à la fois, et sans frémir des oreilles, Alceste dans son hautain et sain mépris de l'espèce humaine, et son exact contraire empreint de séduisante duplicité.
      
    Quel brio, quelle intelligence, quelle ardeur comique !
      
    Alceste, le vrai, le mien, a ri à s'en décrocher les pattes médianes. C'est dire.

     Courez voir ce bijou de précision, judicieusement rythmé de bienfaisants gags bon-enfants que n'aurait pas reniés Fernandel.
      
    Courez voir ce film si vous avez dormi en classe, bercés par les rimes tatillonnes qu'ânonnait sans joie un prof syndiqué et aimeriez goûter enfin un peu de la légèreté réelle du vers français classique.
      
    Courez rire, sourire et oublier ces instants sans prétention aucune, juste parce que c'est bon.

     Pégéo, un jour d'anormale bienveillance.

     

     


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  • InvisibleInvisible Invisible
      
    de Boris Weinberg

     Est-ce un film ou un objet d'interrogation existentialo-cinématographique ? A moins que le projectionniste n'ait succombé à un excès d’anxiolytiques.
     
    Ça commence par un long écran blanc et silencieux. L'impatience favorisant la paranoïa, on se demande si l'on est pas en face d'une version filmée de la toile blanche de Kasimir Malevitch qui orne les murs du Musée d'Art Moderne de New York*. D'ailleurs, hormis Alceste qui n'est pas venu aujourd'hui, qui a entendu parler de Boris Weinberg ? Personne  ne peut réellement porter un nom qui sent autant le pseudonyme à moins d'être un cinéaste honteux, ce que Weinberg, dans les rares interviews que des journalistes faméliques acceptent de lui demander, semble revendiquer avec un sens du paradoxe en totale cohérence avec le début inexistant de son film.
     
    La salle bruit d'un murmure où se télescopent l'admiration amusée, la dignité offensée et la frustration des amoureux que plus rien ne cache. Présenté comme ça, c'est ennuyeux. Si, si. A vivre aussi. Si, si. Jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que la rumeur provient désormais des murs, c'est à dire du film et que l'écran se déforme comme si quelqu'un se déplaçait en rasant l'envers de la toile sur laquelle, petit à petit, se projette l'image d'une foule de plus en plus dense et agitée. Silence immédiat du public fasciné.

    Et Daniel parle.
     
    Il est dans la foule mais personne ne le voit à part les spectateurs, ce qui leur demande un effort d'abstraction encore plus important que celui réclamé par les élucubrations temporelles de Camille Redouble. Boris Weinberg vient d'inventer le cinéma en 3D négative, la mise en abîme de l'abîme. Ce n'est pas sans danger, surtout pour les personnes atteintes de strabisme divergent, qui doivent impérativement porter des lunettes polarisantes lors de la projection sous peine de tourner de l’œil. C'est vrai aussi pour les inconditionnels de TF1 dont la crédulité congénitale ne saurait supporter un tel effort d'imagination à double détente sans entamer de façon irréversible leur capital de disponibilité publivore.
     
    Soyons généreux et un brin condescendant, le film ne commence peut-être pas vraiment de manière aussi pitoyable mais ce jour-là c'était comme ça et il n'y a pas de raison de mentir.

    L'argument est simple, ténu même, à limite de la transparence.
     
    A force d'être seul, Daniel est devenu invisible.
     
    Au début de ce film testament (on peut raisonnablement penser que Boris Weinberg n'a pas survécu au montage et que le final cut lui fut heureusement fatal) le héros, pardon le narrateur, au moment de se jeter anonymement et sans cris sous les pieds de la foule qui le piétinera définitivement de son indifférence réaliste, entreprend de nous narrer – de Narr, le fou, l'idiot en allemand maternel de B.W. – en un long flash-back, comment il en est arrivé là.
     
    Tout petit déjà, malgré un physique avenant rare chez un nouveau-né antérieur aux campagnes anti-tabac, il semblait jouir d'une étonnante faculté d'inexistence, au point d'être oublié par sa mère venue déposée sous X avant de disparaître, comme si les maternités étaient de vulgaires commissariats et l'Etat Civil une simple main courante. La suite de sa vie ne sera que la déclinaison de ce surgissement trop bref pour qu'il y crût vraiment. Même l'amour incompréhensible de la belle Lisa pour cet ectoplasme en formation n'arrive à lui rendre un peu de consistance. Il est vrai que l'amour rend aveugle et que Daniel n'avait pas besoin de ça pour se couper définitivement du monde.

     Visiblement, pour le réalisateur, la solitude c'est comme le vitiligo. Ça commence par des taches blanches à peine notables, qui s'étendent lentement au cours de la vie jusqu'à recouvrir la totalité du corps sauf les yeux, et là, on disparaît. Chez les albinos ça va plus vite mais on n'a pas le charme du suspens.
     
    Daniel se forge donc une identité solitaire, sans doute pour se conformer aux désirs de Maman dirait Oncle Sigmund, mais plus sûrement pour éviter les baffes éducatives généreusement distribuées dans l'orphelinat où il a échoué, quelque part au fond d'une sombre vallée corrézienne arrosée par les larmes des enfants d'origine non-contrôlée comme dans les livres de Dickens ou d'Emile Zola.

     A force de ne voir personne, personne ne le voit, ce qui prouve que l'auteur n'a pas dormi pendant les cours d'optique à l'école de cinéma, mais il aurait dû faire de même pendant ceux traitant des techniques narratives. L'invisibilité ronge la frêle silhouette de Daniel pendant plus de trente ans avant d'en venir à bout, c'est dire si l'être humain est résistant et le spectateur patient.

     Tout est dit mais était-ce bien la peine ?
     
    Oui ! répondent en chœur les Timides Associés, blottis dans les recoins empoussiérés des discothèques désertes et qui se voient enfin en stars du grand écran.
     
    Oui ! marmonnent les Grognons Esseulés du fond des impasses obscures où ils concoctent leurs discours acariâtres.
     
    Oui ! s'exclame la foule des Dépressifs Anonymes qui sont à la société moderne ce que la masse sombre est à l'astrophysique, la seule explication plausible à une cohésion de l'univers sinon incompatible avec les équations d'Einstein.
     
    Oui ! s'enthousiasment les esthètes de tous bords dès qu'apparaissent sur l'écran les jambes d'Elske Weissmann, dont le fuselage sirènéen entraîne le regard ébahi des amoureux du 7ème art vers un buste au relief troublant de douceur prometteuse, au-dessus duquel s'épanouit, juste assez malicieux pour que le diable existe, un regard si délicieusement mortel qu'on aimerait être seul, quitte à être invisible, pour s'y perdre un instant avant de disparaître.

     Certes, cette œuvre n'est pas sans rappeler le justement oublié Hors-Champ de Sylvie Germain**, mais il apporte à la lente désagrégation sociale du personnage symbolisée par  sa transparence croissante une dimension mythologique, à la limite entre le fantastique tolkienien et la tragédie sartrienne, que n'atteint pas la romancière emberlificotée dans un quotidien trop concret pour ne pas être ennuyeux.

     Car c'est là l'étrange paradoxe de cet objet cinématographique incongru, que de flirter en permanence avec le rien sans jamais provoquer le bâillement ni le curage d'oreille  intempestif, réactions habituelles du public averti (Alceste, Luchini et moi) face à l'indigence des scénaristes plasticiens du cinéma néo-nihilistes dont Weinberg se réclamerait s'il avait un tant soit peu d'honnêteté intellectuelle.

     Deux yeux ne seront pas de trop pour admirer la performance de Bernd Niemand, dont la plongée dans la solitude puis l'isolement se lit en un long glissando de l'expressivité faciale vers le néant, une prouesse dont seuls furent capables jusqu'ici les trépassés du Titanic.
     
    La similitude est d'ailleurs frappante entre la noyade glacée des affamés d'espoir victimes de l'arrogance technique des maîtres des mers et l'engloutissement progressif de Daniel dans l'invisibilité au fur et à mesure que les échecs, les abandons et l'incompréhension des regards transforment sa peur d'être en trop en certitude de n'être rien, jusqu'à la transparence annihilante, le plongeon dans l'océan d'indifférence où il se jette avec une douce tristesse parce que là, enfin, il trouvera sa place, fût-elle invisible, la seule cohérence possible entre lui et le monde.

    Courez voir ce film avant qu'il ne disparaisse des écrans.
     
    Courez ouvrir les yeux sur l'invisible dont les fantômes parsèment nos rues, cachés derrière leurs hardes pouilleuses et leurs écriteaux sans orthographe.
     
    Courez puiser des forces dans ce conte du néant avant que les grands froids d'hiver ne gèlent les cœurs et que l'auteur ne meurt par compassion avec son œuvre.

     Qui sait quels trésors invisibles se cachent entre nos corps ?

     Pégéo, une nuit où les étoiles refusaient de briller.

     

     * Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch : superbe monochrome symbolisant l'alliance de la Russie à la France à travers la combinaison de leurs blancs respectifs. Étonnamment, ils jaunissent au même rythme. Il n'y a pas de quoi être fier.

     ** Seule œuvre saugrenue de l'excellente Sylvie Germain dont Le Livre des Nuits et ses suites balayent un siècle d'histoire d'un souffle épique, brûlant de passion pour la vie et la langue.


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  • Les Bêtes du Sud SauvageLes Bêtes du Sud Sauvage
      
    de Benh Zeitlin

     Certains bayous du Mississippi ressemblent à une version écologique de la Banlieue 13* made in USA : un pêle-mêle de tout ce qui fait désordre entouré d'un grand mur, en l'occurrence d'une digue. D'un côté les Pieds-Secs, pleutres bien pensants préférant l'ordre à la justice et dont se méfiait tant Martin Luther King ; de l'autre les amoureux de la liberté, jamais rassasiés du plaisir de patauger avec les alligators là où la main de l'homme évite de mettre le pied.
      On y retrouve les maudits acadiens refusant de s'intégrer pour conserver leur français suranné, les descendants d'esclaves en fuite refusant de s'intégrer depuis que leurs ancêtres jurèrent qu'on ne les y reprendraient plus, les anarchistes alcoolisés refusant de s'intégrer parce qu'ils ne sont pas venus là pour ça, et bien d'autres encore qui préfèrent les bêtes sauvages aux hommes civilisés, ce qui leur laisse une chance de survivre.
      La plupart ont effectivement de belles trognes de désintégrés mais, comme par enchantement, leurs enfants sont beaux. Comme quoi, s'il avait fait plus d'anthropologie au lieu de lorgner les rondeurs de la bonne, Tonton Sigmund aurait écrit moins de bêtises. 

    Si Huckleberry Finn avait poursuivi son voyage, nul doute que c'est là, dans le Bayou du Grand Bassin qu'il aurait trouvé le paradis, mais comme Mark Twain a préféré la notoriété aux palétuviers, c'est une petite black, Hushpuppy, qui, 130 ans plus tard, raconte la suite.
      Tandis que son père chasse la tempête à coups de fusil dans la nuit orageuse, le spleen à coups de bourbon dans sa gorge poreuse et le cancer à coups de gueule dans la nature spongieuse, Hushpuppy, six ans, des bottes en caoutchouc trop grandes et le front buté des enfants bios élevés en liberté, s'invente le retour des Aurochs libérés par la fonte des glaces, esprits vengeurs d'une nature rebelle aux hommes, forces chamaniques impitoyables et démesurées dont la fillette aura bien besoin pour survivre au milieu des zombies asociaux quoique affectueux qui l'entourent.
     
    Sa mère, un brin pyromane des cœurs et des corps, a pris le large il y a quelques années, histoire d'enflammer des endroits plus salubres, mais l'âme incendiaire a survécu d'une génération à l'autre. C'est donc empreinte de piété filiale que la gamine met le feu à sa caravane dans le seul but de se rapprocher de son père tout en assumant un héritage culturel flamboyant, quoiqu'un peu dangereux à cet âge. Déclarer son complexe d'Electre à l'embouchure d'un Mississippi se gonflant à vue d’œil au milieu des flammes qui surplombent les flots menaçants tandis que la tempête  s'avance, séparant les purs et durs qui s'arriment à leurs bicoques des néo-marécageux pusillanimes fuyant vers les Pieds-Secs, c'est vrai, ça forge le caractère. Si la gamine s'amuse à dynamiter les digues de la Nouvelle-Orléans avant l'âge de raison, ce sera uniquement pour rester saine d'esprit, il ne faudra pas lui en vouloir.

    Tout est dit.
      L'argument est simple et nous avons tous rêvé qu'il soit vrai : entre les dangers des sauvages marécages et la sauvagerie hygiéniste des hommes technologiques, seule la première proposition laisse une chance aux vivants et à l'amour. Saisissons la chance que nous offrent les éléments déchaînés !
      Quelle belle fable écolo-anarchiste !
      Quel beau conte digne de Henry David Thoreau, qui seul auprès de son étang rêvait de liberté absolue, partait en guerre contre l'état, les puissances de l'argent et la peine de mort au lieu de préparer la Guerre de Sécession comme tout citoyen responsable. Les pacifistes n'ont jamais eu le sens de l'histoire.
      Ce film est beau comme un rêve américain.
      Inflation oblige, l'étang de Walden a été transposé dans un bayou, l'armée dispose d'hélicoptères, mais globalement le conflit reste le même : liberté contre sécurité, nature contre progrès, peurs des uns contre peurs des autres etc. (Pour la liste complète des névroses conflictogènes de l'humanité, voir les œuvres comparées de Lacan, Bakounine et Caliméro).

     Mais qui donc nous sortira de ce bourbier existentiel dont les marécages de la Louisiane ne sont que le symbole visqueux et malodorant ?
      Les enfants bien sûr ! Qui d'autre ? Nous sommes aux States, que diable ! Gloire soit rendue à la sagesse et la lucidité des rejetons, dont l'innocence et la vitalité sont les seuls remparts efficaces contre la pulsion auto-destructrice post adolescence selon Walt Disney et les autres nobelisables de l'infantilisme transgénérationnel.
      Ah, rester enfant ! En conserver la force, l'utopisme, la pureté et les dents de lait ! Le rêve de tout un peuple drapé dans ses rayures et ses étoiles comme dans le pyjama d'un enchanteur. Un rêve si facile à réaliser si seulement ces gens consentaient à mourir tôt au lieu de vouloir en plus vivre vieux, poussant ainsi le paradoxe du jeunisme au bord de l'indécence gérontophile.
      Un phénomène qui n'épargne personne. Même Sundance, le festival de cinéma indépendant le plus intelligent à l'ouest de la statue de la Liberté selon Télérama et la serveuse de la Charcuterie du Cimetière**, se doit, de Little Miss Daisy à celui-ci, de couronner des films dont le héros est une enfant. 

    Qu'attendons-nous pour en faire autant et inonder la planète de bons sentiments typiquement européens ou même seulement français ? Pourquoi ne pas partager nos valeurs, telles la fraternité des systèmes judiciaires franco-espagnols, la liberté des chasseurs ornithocides et l'égalité des SDF devant la dureté des portes cochères, aux seuils gelés desquelles ils peuvent trépasser en paix, sans crainte de gêner les manifestants pour ou contre le gai mariage, qui défilent au-dessus de leurs linceuls en loques dans un joyeux tintamarre largement plus télégénique que l'oraison funèbre d'un clochard anonyme ?
      Mais que font les enfants de France ? Que ne sont-ils en première ligne pour rajeunir nos âmes endormies, sauver la Camargue de la salinisation, libérer les derniers bisons sauvages d'Europe ou couvrir les affiches du FN de dessins enfantins bardés de soleils maladroits et de cœurs si touchants que seuls des barbares oseraient les recouvrir de slogans politiques ? 

    En attendant que nos bambins naissent eux aussi, enfin, à la conscience de leur responsabilité dans la société, courez voir ce film qui n'aurait pu voir le jour ailleurs qu'au pays de la fraîcheur éternelle.
      Courez vous retrouver dans le regard explosant de vie de Huspuppy quand elle appuie sur le détonateur ou mate les bêtes sauvages venues redonner sa dignité au Sud.
      Courez faire provision de courage, d'amour et de rudesse poétique avant que les grands froid n'aient raison de vos rations de vitamines. 

    Franchement, l'ozone des bayous, ça fait du bien aux sinus et aux ventricules.

     Pégéo, un jour de froid à faire regretter les moustiques.

      

    * Banlieue 13 : film acrobatique et républicain à la morale aussi lourde qu'une vanne de Baffi mais étourdissant de virtuosité grâce à David Belle, l'inventeur du parkours. Regardez, et vous saurez.

    ** Célèbre charcutière cultivant les pieds panés et les bons mots, égérie de l'absurde terre à terre, déjà entrevue dans Parlez-moi de vous.


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  • Télé GauchoTélé Gaucho  Télé Gaucho
      
    de Michel Leclerc

     

    1996. Toute la Gaule est envahie par la pensée unique, le respect de l'ordre RPR, les blagues des Grosses Têtes et l'addiction naissante au voyeurisme pour tous, forme télégénique d'autopsie à la mode Vichy mâtinée de vénération sado-maso du Big Brother.
     
    Toute la Gaule ? Non !
     
    Au fin fond du XXème arrondissement une petite communauté de sans-culottes résiste encore et toujours à l'envahisseur.
     
    Nos héros sont Adonis, le barde branché sur Chante France aux manières ambiguës ; Jean-Lou, le chef tyrannique mais généreux, escroc, bordélique en diable, bon vivant, gaucho par dédain du rasoir et amour des amazones ; sa meuf Yasmina, extrémiste et sensuelle à la langue bien pendue, s'il est encore possible d'utiliser cette expression sans passer pour macho ou grivois ; Etienne, le traître en puissance aux allures de beau gosse et aux propos aigris, et bien d'autres encore, romantiques, utopiques et branquignolles.

     La bande, farouchement gauchiste et joyeusement foutraque, décide de faire de la télé comme Astérix fait de la politique : sans détour, en rentrant dans le lard des romains du PAF qu'ils ont dans le pif, quand leurs querelles intestines et leurs agapes hebdomadaires leur en laissent le temps.
     
    Il est certes douteux qu'un beau jour, ou plutôt un Grand Soir, l'anarchie vaincra, mais il y a fort à parier qu'elle ne sera jamais totalement vaincue malgré la peur du désordre distillée par les héritiers spirituels de Jean-Claude Bouret (La France a peur), les reportages apologétiques sur les douaniers et les gendarmes diffusés en boucle sur W9, les 1500 CRS qui campent à Notre-Dame des Landes et le flambeau tricolore transmis sans faille ni tolérance de Nicolas S. à Manuel W. en passant par Brice H.

     Le refus de la norme ne saurait être complètement sincère sans une remise en cause de la notion de professionnalisme, c'est à dire de soumission à des règles, fussent elles techniques. Aussi les entretiens d'embauche de Télé Gaucho sont-ils des plus brefs :
     
    - T'as déjà fait de la télé ?
     
    - Non.
     
    - Alors on t'embauche.
     
    Le résultat, quoique esthétiquement discutable, est étonnant, fracassant, infantile, utopique et repose essentiellement sur trois piliers :
       1)
    Dénoncer ce qui nous emmerde à commencer par les objets débiles tels le mouche-bébé qui permet d'aspirer la morve du moutard sans avoir besoin de rajouter de sel pour masquer le goût d'huître pas fraîche ;
     
    2) Promouvoir ce qui nous émeut et nous réchauffe le cœur comme l'aspiration libre des futurs producteurs de morve dans les centres d'avortement, ou le droit à la pornographie pour les sans-abris ;
     
    3) L'expression décomplexée de toutes nos névroses telles, la peur de la réussite et le pompage consécutif des bonnes idées par les chaînes phagocytes des milliardaires du béton et de l'armement.
     
    Nul doute que la prédominance des phénomènes de succion dans la réflexion idéologique de ces anarchistes du petit écran soit révélatrice d'un sevrage incomplet débouchant sur une infantilisation permanente de leur corpus émotionnel agissant, mais force est de constater que les fondements de leur programme ressemblent à ceux de Canal + à l'époque où l'on pouvait encore les pirater au nom de la liberté du citoyen en lutte contre l'asservissement organisé du consommateur sans passer pour un dangereux asocial. C'était avant que la gauche ne rate son virage à droite, aux alentours des calendes grecques.

     C'est au sein de cette tribu d'iconoclastes impulsifs et braillards que Victor, fils de la classe moyenne et de la nouvelle vague, fait ses premières armes dans le monde de la réalité de gauche et de la soupe populaire cathodique de droite, puisqu'il cumule le bénévolat libertaire avec un job pauvrement rémunéré auprès d'une star de l'écran à rétrécir la pensée, Patricia Gabriel (du nom du studio de M. Drucker), sorte de J.L. Delarue au féminin, c'est à dire qui se met la poudre sur et non dans le nez.
     
    Parce qu'il a 20 ans et qu'un film sans amour c'est aussi fade qu'une biscotte sans confiture ou Le Dernier Tango à Paris sans beurre des Charentes, il tombe amoureux de Clara, une miss catastrophe dont la présence à la fois troublante de fragilité et pathétique d'incompétence suffit à relativiser l'importance exagérée donnée aux médias. On ne peut cependant lui en vouloir car il s'agit en fait de Sara Forestier, dont les grands yeux innocents sont des abîmes de tentation où tout homme se plairait à risquer sa vie pour le simple plaisir de rester un instant suspendu à ses lèvres avant la chute irrémédiable dans les tourments de l'amour et de la paternité.

     Tout est dit et ça n'est pas rien.
     
    Le film pose cependant en filigrane numérique la question qui pèse sur nos consciences de téléphages insoumis depuis que le retour du PS aux affaires nous met face à nos responsabilités citoyennes : une télé de gauche, voire même gauchiste, est-elle possible à l'heure où fleurissent sur les chaînes siamoises de la TNT (la Télé du Néant Total) les resucées des canaux historiques gérontophiles, épicées d'un brin de berlusconisme à paillettes aussi dégradant pour la dignité humaine que pour la santé du cortex pariétal, tandis que le service public se perd dans ses tentatives de peopolisation bienséante et que les seules émissions décapantes nous viennent de Belgique ?
     
    Evidemment, trop évidemment, non. Et ceci pour des raisons indépendantes des forces conjuguées du câpitâl (Georges, si tu nous regarde …) et des ayatollahs de l'ordre et de la pensée standardisée. En effet, selon un sondage réalisé par moi-même (gage de sérieux, d'objectivité et de compétence) auprès de deux muets, trois aveugles et des mes nombreux compagnons de schizophrénie, les principales raisons de cette impossibilité seraient un incompréhensible manque d'intérêt pour l'idée, une inappétence totale pour une mise en pratique télévisuelle de notre immense fraternité et une peur largement partagée de la liberté chez des Gaulois de plus en romanisés et de moins en moins sensibles aux joies de l'imprévu.
     
    Il est temps, donc, de dévoiler la perversité inconsciente mais réelle de Télé Gaucho, qui est de fait un hymne indirect et subliminal à la télé des communicants, celle qui a parfaitement rempli sa double mission : d'une part libérer du temps de cerveau disponible pour les annonceurs et d'autre part amalgamer les principes de la citoyenneté avec ceux de l'élevage des ovins en batterie. Oui, loin de l'innocence bon enfant qu'il revendique, ce film n'est qu'une tentative de démoralisation du peuple de gauche, une incitation à abdiquer face aux puissances technocratiques  et même à faire l'amour au lieu de le regarder avec des lunettes 3D. Ce serait une honte si ce n'était un scandale ! A moins que ce ne soit l'inverse.

     Quoiqu'il en soit, courez de toute la force de vos envies d'air pur voir ce film pour retrouver le goût acidulé du désordre créatif, la sonorité incomparable des groupes punks de quartier et la nostalgie d'un autre monde possible.
     
    Courez voir Télé Gaucho pour découvrir que pour être bien gouverné il faut parfois savoir être ingouvernable.
     
    Courez râler, tempêter et puis rire :c'est si bon quand il fait froid.

     

     Pégéo, un jour où sont nées six nouvelles chaînes
    dont pas une n'essayait d'être différente.

     

     

     


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