• Les Bêtes du Sud SauvageLes Bêtes du Sud Sauvage
      
    de Benh Zeitlin

     Certains bayous du Mississippi ressemblent à une version écologique de la Banlieue 13* made in USA : un pêle-mêle de tout ce qui fait désordre entouré d'un grand mur, en l'occurrence d'une digue. D'un côté les Pieds-Secs, pleutres bien pensants préférant l'ordre à la justice et dont se méfiait tant Martin Luther King ; de l'autre les amoureux de la liberté, jamais rassasiés du plaisir de patauger avec les alligators là où la main de l'homme évite de mettre le pied.
      On y retrouve les maudits acadiens refusant de s'intégrer pour conserver leur français suranné, les descendants d'esclaves en fuite refusant de s'intégrer depuis que leurs ancêtres jurèrent qu'on ne les y reprendraient plus, les anarchistes alcoolisés refusant de s'intégrer parce qu'ils ne sont pas venus là pour ça, et bien d'autres encore qui préfèrent les bêtes sauvages aux hommes civilisés, ce qui leur laisse une chance de survivre.
      La plupart ont effectivement de belles trognes de désintégrés mais, comme par enchantement, leurs enfants sont beaux. Comme quoi, s'il avait fait plus d'anthropologie au lieu de lorgner les rondeurs de la bonne, Tonton Sigmund aurait écrit moins de bêtises. 

    Si Huckleberry Finn avait poursuivi son voyage, nul doute que c'est là, dans le Bayou du Grand Bassin qu'il aurait trouvé le paradis, mais comme Mark Twain a préféré la notoriété aux palétuviers, c'est une petite black, Hushpuppy, qui, 130 ans plus tard, raconte la suite.
      Tandis que son père chasse la tempête à coups de fusil dans la nuit orageuse, le spleen à coups de bourbon dans sa gorge poreuse et le cancer à coups de gueule dans la nature spongieuse, Hushpuppy, six ans, des bottes en caoutchouc trop grandes et le front buté des enfants bios élevés en liberté, s'invente le retour des Aurochs libérés par la fonte des glaces, esprits vengeurs d'une nature rebelle aux hommes, forces chamaniques impitoyables et démesurées dont la fillette aura bien besoin pour survivre au milieu des zombies asociaux quoique affectueux qui l'entourent.
     
    Sa mère, un brin pyromane des cœurs et des corps, a pris le large il y a quelques années, histoire d'enflammer des endroits plus salubres, mais l'âme incendiaire a survécu d'une génération à l'autre. C'est donc empreinte de piété filiale que la gamine met le feu à sa caravane dans le seul but de se rapprocher de son père tout en assumant un héritage culturel flamboyant, quoiqu'un peu dangereux à cet âge. Déclarer son complexe d'Electre à l'embouchure d'un Mississippi se gonflant à vue d’œil au milieu des flammes qui surplombent les flots menaçants tandis que la tempête  s'avance, séparant les purs et durs qui s'arriment à leurs bicoques des néo-marécageux pusillanimes fuyant vers les Pieds-Secs, c'est vrai, ça forge le caractère. Si la gamine s'amuse à dynamiter les digues de la Nouvelle-Orléans avant l'âge de raison, ce sera uniquement pour rester saine d'esprit, il ne faudra pas lui en vouloir.

    Tout est dit.
      L'argument est simple et nous avons tous rêvé qu'il soit vrai : entre les dangers des sauvages marécages et la sauvagerie hygiéniste des hommes technologiques, seule la première proposition laisse une chance aux vivants et à l'amour. Saisissons la chance que nous offrent les éléments déchaînés !
      Quelle belle fable écolo-anarchiste !
      Quel beau conte digne de Henry David Thoreau, qui seul auprès de son étang rêvait de liberté absolue, partait en guerre contre l'état, les puissances de l'argent et la peine de mort au lieu de préparer la Guerre de Sécession comme tout citoyen responsable. Les pacifistes n'ont jamais eu le sens de l'histoire.
      Ce film est beau comme un rêve américain.
      Inflation oblige, l'étang de Walden a été transposé dans un bayou, l'armée dispose d'hélicoptères, mais globalement le conflit reste le même : liberté contre sécurité, nature contre progrès, peurs des uns contre peurs des autres etc. (Pour la liste complète des névroses conflictogènes de l'humanité, voir les œuvres comparées de Lacan, Bakounine et Caliméro).

     Mais qui donc nous sortira de ce bourbier existentiel dont les marécages de la Louisiane ne sont que le symbole visqueux et malodorant ?
      Les enfants bien sûr ! Qui d'autre ? Nous sommes aux States, que diable ! Gloire soit rendue à la sagesse et la lucidité des rejetons, dont l'innocence et la vitalité sont les seuls remparts efficaces contre la pulsion auto-destructrice post adolescence selon Walt Disney et les autres nobelisables de l'infantilisme transgénérationnel.
      Ah, rester enfant ! En conserver la force, l'utopisme, la pureté et les dents de lait ! Le rêve de tout un peuple drapé dans ses rayures et ses étoiles comme dans le pyjama d'un enchanteur. Un rêve si facile à réaliser si seulement ces gens consentaient à mourir tôt au lieu de vouloir en plus vivre vieux, poussant ainsi le paradoxe du jeunisme au bord de l'indécence gérontophile.
      Un phénomène qui n'épargne personne. Même Sundance, le festival de cinéma indépendant le plus intelligent à l'ouest de la statue de la Liberté selon Télérama et la serveuse de la Charcuterie du Cimetière**, se doit, de Little Miss Daisy à celui-ci, de couronner des films dont le héros est une enfant. 

    Qu'attendons-nous pour en faire autant et inonder la planète de bons sentiments typiquement européens ou même seulement français ? Pourquoi ne pas partager nos valeurs, telles la fraternité des systèmes judiciaires franco-espagnols, la liberté des chasseurs ornithocides et l'égalité des SDF devant la dureté des portes cochères, aux seuils gelés desquelles ils peuvent trépasser en paix, sans crainte de gêner les manifestants pour ou contre le gai mariage, qui défilent au-dessus de leurs linceuls en loques dans un joyeux tintamarre largement plus télégénique que l'oraison funèbre d'un clochard anonyme ?
      Mais que font les enfants de France ? Que ne sont-ils en première ligne pour rajeunir nos âmes endormies, sauver la Camargue de la salinisation, libérer les derniers bisons sauvages d'Europe ou couvrir les affiches du FN de dessins enfantins bardés de soleils maladroits et de cœurs si touchants que seuls des barbares oseraient les recouvrir de slogans politiques ? 

    En attendant que nos bambins naissent eux aussi, enfin, à la conscience de leur responsabilité dans la société, courez voir ce film qui n'aurait pu voir le jour ailleurs qu'au pays de la fraîcheur éternelle.
      Courez vous retrouver dans le regard explosant de vie de Huspuppy quand elle appuie sur le détonateur ou mate les bêtes sauvages venues redonner sa dignité au Sud.
      Courez faire provision de courage, d'amour et de rudesse poétique avant que les grands froid n'aient raison de vos rations de vitamines. 

    Franchement, l'ozone des bayous, ça fait du bien aux sinus et aux ventricules.

     Pégéo, un jour de froid à faire regretter les moustiques.

      

    * Banlieue 13 : film acrobatique et républicain à la morale aussi lourde qu'une vanne de Baffi mais étourdissant de virtuosité grâce à David Belle, l'inventeur du parkours. Regardez, et vous saurez.

    ** Célèbre charcutière cultivant les pieds panés et les bons mots, égérie de l'absurde terre à terre, déjà entrevue dans Parlez-moi de vous.


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  • Télé GauchoTélé Gaucho  Télé Gaucho
      
    de Michel Leclerc

     

    1996. Toute la Gaule est envahie par la pensée unique, le respect de l'ordre RPR, les blagues des Grosses Têtes et l'addiction naissante au voyeurisme pour tous, forme télégénique d'autopsie à la mode Vichy mâtinée de vénération sado-maso du Big Brother.
     
    Toute la Gaule ? Non !
     
    Au fin fond du XXème arrondissement une petite communauté de sans-culottes résiste encore et toujours à l'envahisseur.
     
    Nos héros sont Adonis, le barde branché sur Chante France aux manières ambiguës ; Jean-Lou, le chef tyrannique mais généreux, escroc, bordélique en diable, bon vivant, gaucho par dédain du rasoir et amour des amazones ; sa meuf Yasmina, extrémiste et sensuelle à la langue bien pendue, s'il est encore possible d'utiliser cette expression sans passer pour macho ou grivois ; Etienne, le traître en puissance aux allures de beau gosse et aux propos aigris, et bien d'autres encore, romantiques, utopiques et branquignolles.

     La bande, farouchement gauchiste et joyeusement foutraque, décide de faire de la télé comme Astérix fait de la politique : sans détour, en rentrant dans le lard des romains du PAF qu'ils ont dans le pif, quand leurs querelles intestines et leurs agapes hebdomadaires leur en laissent le temps.
     
    Il est certes douteux qu'un beau jour, ou plutôt un Grand Soir, l'anarchie vaincra, mais il y a fort à parier qu'elle ne sera jamais totalement vaincue malgré la peur du désordre distillée par les héritiers spirituels de Jean-Claude Bouret (La France a peur), les reportages apologétiques sur les douaniers et les gendarmes diffusés en boucle sur W9, les 1500 CRS qui campent à Notre-Dame des Landes et le flambeau tricolore transmis sans faille ni tolérance de Nicolas S. à Manuel W. en passant par Brice H.

     Le refus de la norme ne saurait être complètement sincère sans une remise en cause de la notion de professionnalisme, c'est à dire de soumission à des règles, fussent elles techniques. Aussi les entretiens d'embauche de Télé Gaucho sont-ils des plus brefs :
     
    - T'as déjà fait de la télé ?
     
    - Non.
     
    - Alors on t'embauche.
     
    Le résultat, quoique esthétiquement discutable, est étonnant, fracassant, infantile, utopique et repose essentiellement sur trois piliers :
       1)
    Dénoncer ce qui nous emmerde à commencer par les objets débiles tels le mouche-bébé qui permet d'aspirer la morve du moutard sans avoir besoin de rajouter de sel pour masquer le goût d'huître pas fraîche ;
     
    2) Promouvoir ce qui nous émeut et nous réchauffe le cœur comme l'aspiration libre des futurs producteurs de morve dans les centres d'avortement, ou le droit à la pornographie pour les sans-abris ;
     
    3) L'expression décomplexée de toutes nos névroses telles, la peur de la réussite et le pompage consécutif des bonnes idées par les chaînes phagocytes des milliardaires du béton et de l'armement.
     
    Nul doute que la prédominance des phénomènes de succion dans la réflexion idéologique de ces anarchistes du petit écran soit révélatrice d'un sevrage incomplet débouchant sur une infantilisation permanente de leur corpus émotionnel agissant, mais force est de constater que les fondements de leur programme ressemblent à ceux de Canal + à l'époque où l'on pouvait encore les pirater au nom de la liberté du citoyen en lutte contre l'asservissement organisé du consommateur sans passer pour un dangereux asocial. C'était avant que la gauche ne rate son virage à droite, aux alentours des calendes grecques.

     C'est au sein de cette tribu d'iconoclastes impulsifs et braillards que Victor, fils de la classe moyenne et de la nouvelle vague, fait ses premières armes dans le monde de la réalité de gauche et de la soupe populaire cathodique de droite, puisqu'il cumule le bénévolat libertaire avec un job pauvrement rémunéré auprès d'une star de l'écran à rétrécir la pensée, Patricia Gabriel (du nom du studio de M. Drucker), sorte de J.L. Delarue au féminin, c'est à dire qui se met la poudre sur et non dans le nez.
     
    Parce qu'il a 20 ans et qu'un film sans amour c'est aussi fade qu'une biscotte sans confiture ou Le Dernier Tango à Paris sans beurre des Charentes, il tombe amoureux de Clara, une miss catastrophe dont la présence à la fois troublante de fragilité et pathétique d'incompétence suffit à relativiser l'importance exagérée donnée aux médias. On ne peut cependant lui en vouloir car il s'agit en fait de Sara Forestier, dont les grands yeux innocents sont des abîmes de tentation où tout homme se plairait à risquer sa vie pour le simple plaisir de rester un instant suspendu à ses lèvres avant la chute irrémédiable dans les tourments de l'amour et de la paternité.

     Tout est dit et ça n'est pas rien.
     
    Le film pose cependant en filigrane numérique la question qui pèse sur nos consciences de téléphages insoumis depuis que le retour du PS aux affaires nous met face à nos responsabilités citoyennes : une télé de gauche, voire même gauchiste, est-elle possible à l'heure où fleurissent sur les chaînes siamoises de la TNT (la Télé du Néant Total) les resucées des canaux historiques gérontophiles, épicées d'un brin de berlusconisme à paillettes aussi dégradant pour la dignité humaine que pour la santé du cortex pariétal, tandis que le service public se perd dans ses tentatives de peopolisation bienséante et que les seules émissions décapantes nous viennent de Belgique ?
     
    Evidemment, trop évidemment, non. Et ceci pour des raisons indépendantes des forces conjuguées du câpitâl (Georges, si tu nous regarde …) et des ayatollahs de l'ordre et de la pensée standardisée. En effet, selon un sondage réalisé par moi-même (gage de sérieux, d'objectivité et de compétence) auprès de deux muets, trois aveugles et des mes nombreux compagnons de schizophrénie, les principales raisons de cette impossibilité seraient un incompréhensible manque d'intérêt pour l'idée, une inappétence totale pour une mise en pratique télévisuelle de notre immense fraternité et une peur largement partagée de la liberté chez des Gaulois de plus en romanisés et de moins en moins sensibles aux joies de l'imprévu.
     
    Il est temps, donc, de dévoiler la perversité inconsciente mais réelle de Télé Gaucho, qui est de fait un hymne indirect et subliminal à la télé des communicants, celle qui a parfaitement rempli sa double mission : d'une part libérer du temps de cerveau disponible pour les annonceurs et d'autre part amalgamer les principes de la citoyenneté avec ceux de l'élevage des ovins en batterie. Oui, loin de l'innocence bon enfant qu'il revendique, ce film n'est qu'une tentative de démoralisation du peuple de gauche, une incitation à abdiquer face aux puissances technocratiques  et même à faire l'amour au lieu de le regarder avec des lunettes 3D. Ce serait une honte si ce n'était un scandale ! A moins que ce ne soit l'inverse.

     Quoiqu'il en soit, courez de toute la force de vos envies d'air pur voir ce film pour retrouver le goût acidulé du désordre créatif, la sonorité incomparable des groupes punks de quartier et la nostalgie d'un autre monde possible.
     
    Courez voir Télé Gaucho pour découvrir que pour être bien gouverné il faut parfois savoir être ingouvernable.
     
    Courez râler, tempêter et puis rire :c'est si bon quand il fait froid.

     

     Pégéo, un jour où sont nées six nouvelles chaînes
    dont pas une n'essayait d'être différente.

     

     

     


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  • La ChasseLa Chasse La Chasse
    de Thomas Vinterberg.

     

      Méfiez-vous des enfants, y' font rien qu'à mentir dès qu'il enlèvent les doigts leur nez ou de tout autre orifice digne d'exploration. Quand ils grandissent, il préfèrent oublier cette période sombre de leur vie et se forcent à croire que leurs propres rejetons sont sans taches. Ce faisant, ils se mentent à eux-mêmes et satisfont ainsi malgré tout leur perversité innée à base de narcissisme exacerbé, de lâcheté mal assumée et de panurgisme sécuritaire, sans s'exposer à la vindicte populaire ni frémir des narines, parce que les enfants, ces chères et innocentes têtes blondes, sont sacrés, ce qui en fait d'excellents bourreaux en puissance et de redoutables armes de destruction collective pour qui sait les manipuler.

       Cette projection progénituriale, généralement accompagnée d'une rétroprojection intergénérationnelle, permet aux sociétés dites humaines de préserver, voire consolider, le véritable ciment toute cohésion sociale : la peur. La peur est la seule justification à la promiscuité insupportable dans laquelle se vautre l'humanité alors que tout être psychologiquement sain (c'est à dire moi-même, Alceste et mon phasme apprivoisé) ne saurait être totalement heureux que dans la solitude reposante des no man's lands où s'épanouit pleinement le désert affectif nécessaire à la sérénité, la paix et la construction des utopies les plus folles qui illuminent le monde, sans crainte qu'un imbécile hyperactif ne cherche à les réaliser.

      Rien d'étonnant donc, avec un tel système de reproduction des comportements, récemment renforcé par la disparition des cours d'histoire en terminale et l'accréditation de BHL et André Glucksmann comme philosophes officiels de la Vème, version Second Empire, à ce que les Conseils d'Administration des grandes entreprises, les sessions de l'ONU et les conseils des ministres ne ressemblent à des cours d'école maternelle, et vive-versa, à grands coups de c'est-pas-moi-c'est lui ou oui-mais-c'est-lui-qui-a-commencé.

      Mais pour que la peur nous maintienne vraiment soudés, bien au chaud dans nos certitudes grégaires, il faut qu'elle se déverse de temps à autres sur l'un des moutons, (noir de préférence quoique avec un arabe ça marche aussi et qu'en l'absence de toute personne prédestinée, un grand blond solitaire fait aussi l'affaire), mouton désigné pour l'occasion sous le terme technique de Bouc Emissaire.
     
    Les anciens, très au fait de ce processus, procédaient à la purge annuelle en sacrifiant un bouc, un vrai, un tatoué qui a couru la bique, sur l'autel de leurs angoisses communes. Un chœur de mâles humanoïdes tout émoustillés par les effluves de la bête couvrait de ses chants virils les bêlement affolés de l'animal tout en exprimant ainsi la joie des hommes de ne pas être à sa place. La cérémonie s'appelait chant du bouc, c'est à dire tragédia en grec d'avant la déchéance financière, et tout le monde était content, sauf les chèvres qui devaient se contenter du berger.

      Malheureusement, depuis les interventions surmédiatisées de Brigitte Bardot et la baisse des subventions culturelles en milieu rural, on est prié de retourner à l'âge de pierre et de sacrifier à ce naturel besoin d'injustice et de cruauté entre soi.
     
    Reste encore à trouver une victime expiatoire, tâche devenue particulièrement ardue tant les vocations de martyrs se font rares, comme il est expliqué dans Le Cochon de Gaza. Le tirage au sort ayant tendance à désigner les plus faibles, on a de plus en plus recours à la méthode dite de la pythie enfantine, basée sur ce verset incomplet : la vérité sort de la bouche des enfants. Dans la citation intégrale il s'agit des enfants de Dieu, c'est à dire des saints, mais comme ceux-ci sont peu bavards, surtout Saint Romain qui eut la langue coupée malgré les mensonges de l'enfant qui l'accompagnait, on abrège pour faire simple et efficace à l'instar de la justice de l'Oncle Sam.
      La méthode est simple. Il suffit d'être attentif comme un juge d'instruction du Pas-de-Calais et de saisir adroitement la première connerie invérifiable pour agir promptement. La période idéale se situe un mois avant Noël, ce qui permet de profiter pleinement de la grâce onctueuse répandue par l'officiant communal sur ses ouailles pour effacer le dégoût de soi et les relents de honte qui pourraient gâcher les agapes de fin d'année.

      Cette fois, dans un village danois au nom imprononçable, c'est Klara qui s'y colle en dénonçant les imaginaires attouchements sexuels perpétrés sur elle par Lucas, l'assistant maternel de sa crèche et meilleur ami de son père.

      Oh, la jolie petite fille aux yeux candides et à la bouche en cœur !
     
    Oh, le vilain monsieur divorcé qui n'a même pas le droit de parler à sa femme !
      O
    h, le gros zizi tout dur qui se trimbale dans la maison depuis que les tablettes diffusent internet jusque dans les berceaux !
     
    Quelle aubaine pour cette coquette bourgade où l'ennui rampe dans l'hygiène, l'honnêteté et l'hypocrisie protestante ! Quelle chance pour cette communauté trop tranquille qui ne s'accorde plus depuis longtemps que l'abattage rituel de quelques cervidés surnuméraires pour étancher sa soif de barbarie consolidatrice !

      Tout est dit.
     
    De la calomnie élevée au rang de rhétorique communautaire à la violence en réunion, en passant par l'ostracisme, le rejet, l'isolement et la tentative de meurtre, la petite ville s'en donne à cœur joie, usant subtilement de l'auto-suggestion pour contrecarrer les maléfiques instances judiciaires qui tentent de gâter la fête en innocentant le coupable désigné à la fois par l'index potelé de la gamine et par le doigt vengeur, quoique poilu, des pères indignés à qui une société trop douce refuse autrement le droit à la violence naturelle.
      Comme si un tribunal pouvait rendre la justice et accessoirement son honneur à un homme ! Ce serait vraiment du gâchis.
     
    C'est si rare, c'est si bon, avoue la quasi totalité des habitants, commerçants et chasseurs en tête, c'est si jouissif de pouvoir être injuste, cruel, et sanguinaire sans remords ! L'acharnement est un mets si envoûtant, si revigorant, aussi puissant que la première bouchée arrachée au cœur encore palpitant du bouc que l'on vient d'allonger sur l'autel tribal. Laissez-nous donc jouer encore un peu, plaident leurs regards effarés. Nous ne sommes que de grands enfants innocents et naïfs, angoissés par la vie et les chaînes d'info en continu. Laissez-nous jouer au moins jusqu'à Noël. Après nous serons sages et paisibles, bercés par le souvenir des cantiques et la digestion du foie gras.

      L'alternative à ces sombres réjouissances, qui certes flattent avec force une partie trop peu appréciée de notre nature humaine mais sont incompatibles avec la haute opinion que nous avons de nous-mêmes, c'est d'aller voir ce film. C'est moins drôle que de plonger soi-même les mains dans le sang mais ça nous en fait quand même venir le goût sur la langue - grâce soit rendue à nos neurones miroirs – tout en nous confortant dans ce pieu mensonge que moi, personnellement, je ne suis pas comme ça. C'est chouette de se sentir pur !

      Courez voir La Chasse pour gifler le bourreau qui est peut-être en vous afin de pouvoir faire l'innocent à la messe de minuit ou à la prochaine chasse à courre.
     
    Courez admirer la sobriété époustouflante de Mads Mikkelsen qui livre sa souffrance avec d'autant plus de force qu'il la retient avec pudeur.
     
    Courez contempler l'art avec lequel Thomas Vinterberg jongle avec la caméra pour effleurer les comédiens et saisir leur légèreté, leur gravité et leur beauté avec l'élégance d'un parfumeur.
     
    C'est dur mais c'est beau.

     

    Pégéo, un jour de plus où les sans-abris ont été priés de se taire
    ou de hurler en silence, au choix, mais loin des fenêtres du pouvoir
    et des yeux des touristes et surtout pas sur le Pont des Arts.
    Ça commence à faire.

     

     

     


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  • RengaineRengaineRengaine
       de Rachid Djaïdani

    Curieuse idée que de respecter de façon ultra-orthodoxe le Dogme 95* pour tourner un film dénonçant l'intolérance inhérente aux traditions, cultes, religions et autres formes de sectarisme bien utiles pour contrôler les velléités d'émancipation et de liberté des êtres humains. Ce n'est pas le moindre des paradoxes de ce film mais c'est sans doute le plus insoutenable pour le spectateur moyen pas encore équipé d'une vision stroboscopique à correction d'azimut.

    Poussant au-delà du grotesque les règles édictées (puis abandonnées) par Lars von Trier et Thomas Vinterberg, le cinéaste, pardon l'auteur, n'hésite pas à monter la caméra sur le dos d'un chameau parkinsonien en pleine crise, ce qui donne aux prises de vue un aspect chaloupé, voire démantibulé, qui est d'habitude l'apanage des auto-reportages réalisés par les marins ivres lorsqu'ils passent le Cap Horn les jours de tempête.
     
    C'est là la véritable innovation de ce film, par ailleurs très classique, qui brise la sacro-sainte règle selon laquelle, la vertu première d'une image est qu'elle soit lisible. L'audace n'est pas dénuée d'intérêt psychédélique et il est louable de vouloir abolir l'une des plus atroces discriminations de notre époque en mettant aveugles et voyants sur un pied d'égalité, mais la radio fait aussi bien et depuis plus longtemps avec moins de moyens.

    Ce n'est d'ailleurs pas sans poser un problème de santé publique. Pour peu que le film ait du succès, ce sera par milliers que l'on comptera les victimes de la migraine hystérique déclenchée par l'enchaînement kaléidoscopique des plans joliment bariolés, que n'auraient pas reniés Roland Dorgelès et son âne iconogène.
     
    Sans doute s'agit-il d'une allégorie lumineuse et bigarrée de la tourmente qui agite les cerveaux sédimentés dans les coutumes despotiques des protagonistes, mais était-il bien nécessaire de donner le mal de mer au spectateur pour lui asséner ce propos somme toute assez conventionnel : le racisme est partout et c'est mal ?

    C'est dommage. Traduire Roméo et Juliette en verlan pour permettre aux relous incultes d'accéder aux bases de la conscience humaine ; associer le mythe occidental de ces sympathiques crapules de Capulets à celui plus mésopotamien des non moins grotesques 40 voleurs ; citer Cinna au cinéma sans cillement de sourcils ni erreur de diction pour affirmer sa francitude et rendre hommage à Auguste (l'empereur, pas le clown) et Corneille (le dramaturge, pas le chanteur) ; transformer le XVIIIème arrondissement en Vérone des temps modernes, c'était plutôt une bonne idée, pas très originale certes, mais chargée d'un potentiel comique hautement corrosif dont les bienfaits, malheureusement, s'estompent dès que le documentaire sur les minorités urbaines prend le pas sur la comédie sentimentale.

    C'est dommage car la fluidité linéaire du scénario, qu'en digne enfant du bitume et des murs de béton Rachid Djaïdani a écrit en échangeant son stylo contre un marteau-piqueur, fait pénétrer le message, sans mollir des chevilles, dans les crânes les plus obtus, les cerveaux les plus férocement armés de versets mal digérés, les âmes les plus soumises aux carcans épineux des idéologies de tous acabits.

    Malgré ces légers péchés de jeunesse, ne jetons pas la pierre au cinéaste: il est des endroits où on les renvoie à juste titre avec des frondes et je ne sais où le cinéaste habite, alors prudence.
     
    Soyons positif, comme disait le professeur Montagnier avant la découverte du Sida. A l'instar de Picasso – qui, lui, faisait la différence entre barbouillage et émotion – observons l’œuvre dans sa globalité tandis que les 40 frères de Sabrina observent, eux, le Ramadan, saine coutume en période de disette, surtout pour les mélomanes qui peuvent annuellement, un peu avant le crépuscule, apprécier les concerts de gargouillis gastriques qui emplissent le métro aux heures de pointe de leurs appétissantes disharmonies. Observons et, malgré le tangage nauséeux des images floues sur l'écran, goûtons au mélange étonnant des sentiments que ce film sait réveiller en nous, même s'ils ont parfois le goût des pilchards à la confiture de framboise et moutarde à l'ancienne. C'est rude mais c'est bon et ça réveille les bobos.

    L'histoire est simple comme un délit de faciès.
     
    Sabrina et Dorcy s'aiment d'amour tendre sous la verte ramure d'un sycomore des Buttes Chaumont. En bons citoyens conformistes conscients des usages d'une république qu'ils respectent parce qu'elle le vaut bien, ils décident de se marier. C'est sans compter avec les traditions haineuses de leurs familles respectives (familles, clans, tribus, castes, ethnies, communautés, choisissez ce qui vous parle le plus dans l'infini catalogue des sectarismes tyranniques).

    Tout est dit.
     
    Le chef des 40 arabes, pardon des 40 beurs, enfin rebeux (on ne sait comment s'exprimer pour faire à la page sans faire raciste), bref l'aîné des 40 Frères de l'Intolérance Primordiale se lance alors auprès de sa nombreuse fratrie dans une campagne de porte-à porte anti-hymen, dont le succès mitigé nous inquiète : Slimane le magnifique, amoureux d'une belle juive, aurait-il une âme moins trempée que Titus face à Bérénice ? Va-t-il mollir des genoux ? S'acheminerait-on vers un happy end hollywoodien en totale contradiction avec le parti pris des images grunges, symbole de l'indépendance et de l'auto-production ? Suspense !
     
    La violente cordialité de ses échanges en charabia Franco-arabo-prolo-bellevillois, un patois local qui fleure bon le terroir bitumeux et la guinguette orientale, finit en effet par atteindre le cœur sclérosé du grand-frère juste avant la fin du Ramadan et de sa paix protocolaire, et le bonheur règne sur Paris. Amen. C'est beau.

    Assez judicieusement, le réalisateur n'a retenu au montage qu'une partie des 39 entretiens nécessaires, ce qui permet au film de s'achever dans un délai raisonnable, c'est à dire avant que la spasmophilie ophtalmique ne s'étende à l'ensemble des spectateurs (seul les astigmates sont touchés, mais il suffit de fermer les yeux en retenant sa respiration pour retrouver le sens de la verticale.)
     
    Cela suffit pour faire de Rengaine un bon film dont seule l'instabilité maladive du cameraman (le même sans doute qui oublie de charger la cassette dans le film dans le film, autre référence shakespearienne de l'auteur qui décidément a des lettres à revendre) empêche d'apprécier pleinement la justesse de jeu des acteurs.
     
    Les noirs sont vraiment noirs, les arabes vraiment mal rasés, les femmes réellement girondes et le canal de l'Ourcq exactement où il se doit. C'est à une telle précision dans le casting que l'on reconnaît aussi les grands. Sincèrement, ils sont tous très bons et je ne dis pas ça parce qu'ils sont plus nombreux que moi. Rien que pour le plaisir de les revoir, Djaïdani devrait faire un autre film, avec un cadreur à jeun cette fois, merci pour mes yeux.

    Courez voir ce film si vous n'avez pas le mal de mer.
     
    Courez voir Rengaine s'il vous arrive d'oublier que l'amour est plus efficace que la loi pour assurer la paix, ou de préférer l'ordre à la liberté de votre prochain.
     
    Courez voir ce film si l'alibi culturel vous semble encore parfois une explication raisonnable à l'inacceptable.

     

    Pégéo, un jour de plus où l'UMP nous jouait sa version trash des Horaces contre les Curiaces.

     

    * Dogme 95 : courant cinématographique plaçant la frugalité au rang des beau-arts. A consommer avec modération sous peine de faire croire au spectateur que c'est lui qui a bu. cf. Les Vieux Chats.

     


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  • AmourAmour Amour
    de Michael Haneke


      Un matin, malgré le soleil sur les toits de Paris et les rires qui emplissent la cuisine, on se met à douter. De tout. De Dieu bien sûr, c'est si facile, mais aussi de la vie, du temps qui passe et semble s'être un instant arrêté. C'est une absence. Mais qui est absent ? On doute. C'est donc que l'on y croit encore. Pour encore combien de temps ? On a déjà si froid aux pieds.

      C'est vrai, si la vie n'est que cet intervalle de temps, si ridiculement court, qui sépare la naissance de la mort ; si elle n'est que cet absurde et continu ralentissement de la multiplication cellulaire ; alors l'homme est en droit de lever les yeux au ciel et, de toute la force de ses poumons encrassés par les gaz d'échappements, de hurler à la face hautaine de l'univers qui l'écrase de sa splendeur : Tout ça pour ça ?
     
    Puis, une fois ses charentaises remises, pour surmonter la peur du silence céleste, imperturbable de moquerie muette, pour dépasser celle des questions iconoclastes auxquelles nul prophète crédible (oxymore ou pléonasme, au choix) n'apportera jamais de réponse, l'homme invente l'Amour et ses avatars encombrants, l'espoir et le courage, car on ne se sépare jamais de la Grande Angoisse, elle est indestructible. Tout juste peut-on la morceler en portions plus humaines que l'on finit par ne plus savoir raccorder, pour la plus grande joie de Freud et Alzheimer, les Tom et Jerry des neurosciences, dont les meilleurs sketchs viennent de paraître aux éditions La Gériatrie Amusante sous le titre goguenard : Si j'avais su, j'aurais pas venu*.

      Pour simplifier, à la limite de la caricature, la pensée d'Henri Laborit, l'inventeur pré-soixante-huitard de l'hibernation artificielle et autres trompe-la-mort psychédéliques, l'amour est un processus relationnel permettant de conscientiser les actions auto-gratifiantes par l'intermédiaire de l'autre et dont la forme et la finalité ont globalement peu évolué de l'émergence des premiers êtres mono-cellulaire à l'avènement d'homo sapiens.
     
    Certes, cette vision bio-systémique manque notablement de romantisme mais c'est justement ce que recherche Michael Haneke : éliminer le sentimentalisme, le pathos, la psychologie et tout ce qui fait tomber l'art dans l'obésité anesthésiante des sucreries hollywoodiennes, alors que la vie ça n'est jamais que de la protéine qui tricote des spirales pour passer le temps et faire son intéressante à la face du Grand Absent ou à celle de Méphisto, dont la panse ne cesse d'enfler depuis que les premiers monozygotes ont inventé la mort.

      Donc, chez Haneke, point de douceur ni de violence, que du brut, du vrai, du factuel, sans fioritures ni voilettes. Les faits sont bruts, les personnages sont bruts, les images sont brutes, les silence sont bruts. Même le générique est brut. C'est ça l'élégance spartiate. Pas de musique. Ni avant, ni pendant, ni après. Même aux enterrements. Tout juste entend-on quelques mesures lorsque Anne, l'héroïne, ou un de ses élèves, se met au piano. Mais c'est du Schubert, alors on est content quand ça s'arrête. C'est d'ailleurs, avec quelques longs plans fixes sur des tableaux de style Romantisme Allemand ou assimilé (soyons accueillants, comme disait Nietzsche en ouvrant à sa bonne judéo-slovaque), la seule concession artistique à un début d'épanchement émotionnel. C'est frustrant mais passé un certain âge, l'exaltation est mauvaise pour le cœur et la guimauve colle au dentier, alors on finit par trouver la frugalité désirable.

      L'auteur ne manque pas de nous faire partager les joies simples et chaque jour renouvelées d'une partie de stock-car en fauteuil roulant électrique ou de nous révéler l'art de se tordre de rire avec un lit articulé à triple motorisation, mais globalement l'hilarité reste confinée au maigre sourire que provoque chez le spectateur mal intentionné le déhanchement de Jean-Louis Trintignant, qui fait penser à celui de Nicolas S. quand il cire le parquet des palais de justice avec des patins aussi difficile à rouler qu'un procureur sans courroie.

      L'histoire est simple comme un amour sans tâche, c'est à dire consommé avec modération et hygiène. Anne et Georges sont vieux, ils s'aiment encore et ça se terminera mal sinon ce ne serait ni du cinéma ni du vrai amour.
     
    Tout est dit.
     
    D'attaques en AVC, le corps d'Anne renonce morceau par morceau à exister vraiment et ce serait insoutenable si les deux octogénaires n'embellissaient au fur et à mesure que la déchéance s'installe.
     
    C'est ça l'amour. Les dieux et les démons ont beau s'acharner, il reste toujours la grâce de l'épure, ce truc dans les yeux qui force à dire oui même à la mort. 
      D'ailleurs, avec seulement un coin de la bouche encore mobile et une langue paralysée, Emmanuelle Riva est capable en quelques mots difficilement articulés de remplir notre cœur de joie et de nous faire rire dignement, un tour de force dont seuls furent capables jusqu'ici certains martyrs chrétiens avant que les bourreaux ne changent de camp. C'est dire son talent et son abnégation.
     
    Quand à Jean-Louis Trintignant, il chasse très bien le pigeon mais c'est pour le cajoler et parce que c'est tout ce qui lui reste à faire dans les couloirs d'un appartement trop grand et trop chargé de souvenirs pour supporter un silence que plus jamais le pas aimé ne viendra perturber, alors on lui pardonne. L'aventure et les distractions sont si rares quand on ne peut plus sortir qu'on s'égaye comme un enfant des moindres occasions d'user ses quelques forces dans un futile tournoi. Il faut bien que vieillesse se passe. Et puis les Feux de l'Amour** ont beaucoup perdu depuis que les politique leur piquent les scénarios pour écrire leurs programmes.

      Courez voir ce film, mais pas avant 19h00. Les séances précédentes sont hantées par des porteurs de carte vermeille dont les ronflements ou les cris d'effroi gâchent le plaisir des plus jeunes à se sentir si loin de l'écran.
     
    Courez voir ce film pour le non-jeu époustouflant de justesse et de force des acteurs, qui rend terriblement poignant le moindre geste quotidien.
     
    Courez voir ce film si, avant d'en être à bénir la cécité qui voile votre image dans le miroir, vous espérez encore comprendre ce qu'aimer veut dire, à tout âge, sans mots inutiles, juste en étant présent.
     
    Si l'amour est un acte et rien d'autre, alors c'est simple et beau comme un film d'Haneke.

    Pégéo, entre le jour des morts et le premier avent,
    il n'y a pas de hasard.

    * Célèbre réplique de Petit Gibus dans La Guerre des Boutons  d'Yves Robert qui, comme chacun sait, n'est qu'une allégorie campagnarde et franchouillarde de la dispute entre Tonton Sigmund et Oncle Carl.

    ** Vénérable soupe populaire, ou soap opera en anglais, très appréciée des porteurs de dentiers et des malades atteints d'un ulcère tant sa consommation était facile, sa digestion aisée et les risques d'élévation du QI inexistants.

     


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